REGARDE (publié en 1990)

 

Regarde, 

Cette masse blanche, pourtant si légère,

Se déplace et se contorsionne sur un tissu de voile bleu.

le vent s'amuse et la déforme à sa manière,

ce nuage qui de mon imagination, devient le jeu.

Mais son souffle ne me laissera pas achever mon dessin,

car le temps passe, et mon nuage est déjà loin. 

 

Regarde,

les heures défilent sans cesse,

jamais elles ne font de pose, elles tournent,

toujours sur le meme rythme, sans paresse. 

elles avances et jamais ne se retournent. 

on a vingt ans, puis vingt cinq, et plus encore,

Le temps derrière soi s'est enfui , a galopé,

En y songeant, peu à peu , apparaissent les remords,

ceux d'être et de ne pas avoir été. 

 

Regarde, 

A vingt ans la vie s'ouvre devant nous,

on prend son élan, on court à grande enjambées,

On joue même les risque-tout,

sans penser qu'un jour l'on puisse tomber.

 

Regarde, 

les années ne sont plus, le temps s'est écoulé,

les erreurs commises deviennent irréparables,

c'est ainsi, on ne peut rien y changer,

On parle avec des si, on devient presque affable. 

 

Regarde, 

le ventre qui prend la forme de la terre,

Il accouchera dun homme voulant découvrir l'univers,

mais sitôt né, il devra marcher, courrir, lutter,

et le temps le forcera toujours à se presser. 

 

Regarde, 

le bouton de rose demain sera éclos,

il offrira au regard un velours sans pareil,

mais personne ne dira qu'il est beau, 

car nul ne prendra le temps d'assister à son éveil. 

 

Regarde,

que fait on de nos vies,

le plus souvent traversées par l'abîme,

Nous étions arrivés plein de fougue et d'envies,

Nous repartons usés, car le temps nous abîme. 

 

P.Wagner